L'Empire Colonial Français - De Richelieu à Napoléon by Bernard Gainot

L'Empire Colonial Français - De Richelieu à Napoléon by Bernard Gainot

Auteur:Bernard Gainot [Bernard Gainot]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Armand Colin
Publié: 2015-06-14T22:00:00+00:00


Que faut-il faire des libres de couleur ?

Sous le terme de « libres de couleur », il faut comprendre les affranchis, Noirs ou de diverses nuances de sang-mêlé, et les affranchis de naissance, mulâtres (nés de père blanc et de mère noire ou métisse) dans leur immense majorité. La stratégie du groupe est calquée sur celle des planteurs blancs : s’organiser en réseau d’influence pour obtenir des améliorations substantielles de leur condition et une inflexion législative significative dans le sens de l’égalité des droits entre tous les propriétaires, quelle que soit la couleur de la peau. La législation coloniale est une véritable législation d’exception inspirée par la hantise du métissage. Émilien Petit, un juge du Conseil souverain du Cap, a parfaitement théorisé cet aspect en 1777 dans son Traité sur le gouvernement des esclaves : « Le concubinage des femmes noires avec les blancs et les affranchissements successifs ont donné lieu à une classe de libres, différente du sang blanc, connue sous le nom de gens de couleur ou sang-mêlé, nègres, mulâtres, mestifs, quarterons, qui, quoique admis aux privilèges de la liberté, n’en jouissent cependant qu’avec des modifications qui constituent un état mitoyen entre les blancs et les esclaves. »

Les libres de couleur revendiquent notamment le démantèlement des mesures ségrégationnistes, l’accès de tous les Habitants aux emplois en fonction du mérite, une représentation paritaire aux assemblées coloniales, la continuité territoriale, et donc la liquidation du séparatisme colon. Les gens de couleur de la capitale s’organisent de leur côté et fondent une « Société des colons américains », sous la direction de Julien Raimond et des frères Ogé. En septembre 1789, ils essaient de prendre contact avec le Club Massiac, qui refuse de les recevoir. Ils se tournent alors vers la Société des Amis des Noirs et infléchissent durablement le cours de celle-ci. Le combat pour l’égalité des races et les droits politiques des libres de couleur devient prioritaire. Infléchissement purement stratégique, l’objectif d’une abolition internationale de la traite s’éloignant car les abolitionnistes anglais n’obtiennent pas d’avancées significatives, tandis que le Club Massiac ne cesse de présenter les Amis des Noirs comme des traîtres, partisans de l’Angleterre. Pour la Société, il s’agit de gagner la bataille de l’opinion publique : aux arguments des colons qui prétendent que l’égalité des droits serait une brèche par laquelle s’engouffreraient l’abolition de l’esclavage et donc la ruine de l’économie de plantation et du commerce extérieur de la France, les Amis des Noirs rétorquent que l’égalité des droits pour les libres de couleur serait le meilleur antidote à une insurrection générale des esclaves.

En outre, cette réorientation n’est nullement une position de repli ou une conversion à la modération. Les Amis des Noirs ont compris que les libres de couleur, et non les petits Blancs « patriotes » étaient porteurs de la dynamique révolutionnaire aux colonies. L’abbé Grégoire devient leur porte-parole principal à l’Assemblée. Il recommande Vincent Ogé auprès des abolitionnistes anglais. Sous une identité d’emprunt, ce dernier cherche à contourner le blocus imposé par les correspondants



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